ON4UB, c’est fini ?
Il a été annoncé sur l’air que les bulletins de ON4UB s’arrêtaient faute de nouvelles à annoncer. Malgré des demandes répétées aux sections, il n’y avait plus beaucoup de pain sur la planche et répéter dans plusieurs bulletins de suite les même nouvelles n’était pas une solution valable.
J’ai envoyé un email à Geoffroy ON6GMT, le coordonnateur de ON4UB, pour savoir ce qu’il en était. Il m’a répondu mais sur l’air, pendant la ronde des QSO et comme j’étais déjà à la préparation de l’apéro du dimanche ...
Et rien n’est spécifié sur les pages web consacrée à notre station nationale. A noter que les flamands ont déjà arrêté leurs émissions, faute d’opérateurs Paradoxe : ils ont (presque ?) toujours quelqu’un pour la ronde des QSO…
Dans les années ’60, j’étais encore adolescent et j’écoutais le 40m sur le poste familial, un Lumophon allemand à lampes. Le 7 MHz était la seule bande qu’il pouvait recevoir car il couvrait de +/- 4,5 à 10 ou 12 MHz. A cette époque, la majorité des OM émettaient en AM, la SSB étant encore fort expérimentale ; donc je pouvais suivre une petite partie du trafic OM.
Un ami ayant vécu à Bruxelles, m’a parlé de Paul De Rover qui habitait rue des Atrébates à Etterbeek. Il y avait un stock américain. Et dans ce dépôt, il y avait beaucoup de matériel radio de la guerre 40. Nous nous y sommes donc allés, un samedi de 1968, en train, puis à pied.
Paul m’a proposé un BC348 presque neuf. On l’avait sorti de sa caisse pour le « Pont de Berlin » lors du fameux blocus imposé par les soviétiques et il avait été installé dans un DC4 « Dakota », avion aussi célèbre à cette époque que les Liberty Ships. Il était alimenté par un dynamotor 24-250V et 6,3V. Paul m’a proposé de le remplacer par une alimentation secteur et je suis retourné prendre possession de mon RX la semaine suivante.
Cet appareil était un rêve pour moi : il recevait les grandes ondes de 200 à 500 KHz (pour les radiobalises) et de 1,5 à 18 MHz. Il possédait un filtre à un quartz sur 910 KHz et un BFO. Ce n’était pas un détecteur de produit mais un simple générateur qui injectait une porteuse dans la chaîne moyenne fréquence pour pouvoir entendre le CW.
Pour cela, il fallait couper l’AGC et régler manuellement (via un simple potentiomètre) le gain de toute cette partie du récepteur. On pouvait aussi démoduler la SSB mais c’était assez acrobatique car il fallait être pile sur la fréquence.
Mais ce RX m’ouvrait des horizons insoupçonnés car il recevait les trois principales bandes à cette époque : le 80, le 40 et le 20 m. Mais, surtout, il me permettait d’écouter les émissions de ON4UB le dimanche matin, dont je connaissais l’existence !
Je l’avais installé dans le grenier de la maison familiale. Le précédent propriétaire avait fixe deux grandes cornières de chaque côté de cette pièce et il avait tendu toute une série de fils de fer galvanisé entre ces deux profilés pour y pendre le linge à sécher par temps de pluie.
L’entrée antenne se faisait sur une SO239. Un bout de fil muni d’une simple fiche banane d’un côté et d’une pince crocodile de l’autre faisait la liaison avec cette antenne en nappe.
Et tous les dimanches, j’était « au poste » pour la grand’messe dominicale des radioamateurs belges !
ON4UB avait été lancée par l’équipe de René ON4VY, que j’ai très bien connu car il siégeait encore au conseil d’administration lorsque j’y étais, dans les
années 90.
Pour vous situer la personne ON4VY, c’était, en quelque sorte, le Léon Zitrone de l’UBA : tout aussi érudit et tout aussi… « imposant ».
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ON4VY. Photo de l’AG83 à la section BSE. |
Notre station nationale a démarré pendant l’expo 58 avec le matériel Geloso qui avait servi à l’activation de cet événement mondial. Elle se trouvait au dernier étage de l’immeuble de la Croix-Rouge, 98 chaussée de Vleurgat à Bruxelles.
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L’ancien immeuble de la Croix-Rouge à Bruxelles. Photo Google Street |
Cela fait 65 ans (avec quelques interruptions quand même) que notre 4UB tenait sa place sur le 80 m, le dimanche matin.
Une anecdote à signaler. A Etterbeek, il y avait l’école royale militaire. Elle existe toujours. A cette époque, l’apprentissage radio des élèves officiers se faisait une un antique et authentique émetteur… à arc ! Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’émettait pas un crépitement mais plutôt un souffle rauque et puissant qui occupait une bien large bande. Il émettait au début de notre bande et, si notre émetteur n’avait pas eu ses 250W, il aurait été bien perturbé par cet ancêtre pourtant situé 150 à 200 KHz plus bas !
Et puis, la station a déménagé et la SSB est arrivée : la station ON4UB entrait dans l’ère moderne.
Mais je pense bien que cette ère est arrivée à son terme…
Quant à mon BC348, il a un peu évolué : les deux 6SK7 de l’étage HF ont été remplacées par des 1851 qui avaient le même brochage mais avaient plus de gain et moins de souffle. J’avais aussi fixé une petite boîte en alu sur la grande tôle rectangulaire à droite du cadran. Là-dedans, j’avais mis un galvanomètre sensible, que j’avais gradué pour en faire un S-mètre. Si mes souvenirs sont bons, j’avais remplacé les boutons en zamac par des boutons beaucoup plus modernes. Et ce doit être vrai car j’ai retrouvé ceux d’origine dernièrement.
Ah si, une particularité : le fond du boîtier était muni de « boutons » en acier pour fixation au châssis de l’avion et Paul y avait mis de pieds en caoutchouc.
Il les avait collé avec de la gutta-percha.
Gutta-percha ? et bien allez donc découvrir, sur Google, ce qu’est cette matière complètement disparue depuis plus d’un demi-siècle...
Si vous avez un tel RX, c’est très probablement le mien !
ON5FM
Sources : ON6NR


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